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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

Mais voici que dans la maison de famille, à Moscou, de nombreux hôtes se rassemblent. C’est le jour de la fête de sa sœur ; avec les grandes personnes arrivent des enfants, garçons et filles. Des jeux et des danses commencent. Notre héros veut se distinguer par son esprit, mais sans aucun succès. Furieux de son échec, il se résout à faire un éclat, et devant toutes les fillettes et ses camarades plus âgés qui le compte pour rien, il tire une langue à son précepteur et lui donne un coup de poing de toutes ses forces. Maintenant tout le monde saura qui il est : Il sait fait voir ! On le traîne honteusement hors de la pièce et on l’enferme dans sa chambre. Il se croit perdu pour toujours ; mais bientôt il commence à rêver selon son habitude. Il s’imagine, qu’il s’est enfui de sa maison, qu’il s’est engagé dans l’armée. Il tue des quantités de Turcs et tombe blessé. Mais les siens sont victorieux et le considèrent comme leur sauveur.

Le voici de retour à Moscou. Il se promène, le bras en écharpe, sur le boulevard de Tver. Il rencontre l’Empereur !… Mais tout à coup la penser que son précepteur va entrer, une verge à la main, disperse toutes ces belles imaginations comme une vaine poussière. Comme le châtiment tarde, de nouveaux rêves surgissent en lui. Il découvre pourquoi personne ne l’aime. Ah ! c’est bien simple ! Il n’est qu’un enfant trouvé ; on lui cache la triste vérité et voilà tout ! Mais il se voit mort. On entre dans sa chambre ; on trouve son cadavre : « Pauvre garçon ! » et tout le monde le plaint. « C’était un bon enfant », dit le père au précepteur. « C’est vous qui l’avez perdu ! »

Et les larmes étouffent le rêveur !

L’histoire finit par le récit de la maladie que fait l’enfant après ses émotions. Il a la fièvre, il délire… C’est toute une étude excellente de la psychologie d’un jeune garçon.




J’ai à dessein, rappelé cette étude en détails. Je viens de recevoir une lettre de K… où l’on me raconte la