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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

ses enfants : elle les battait, les martyrisait à coups de poing (surtout Alexandre) ; quant à Nicolas, il était affreux à voir quand il avait passé sous le fouet. Ces petits malheureux étaient bruyant, mais non pires que les autres enfants. La mère les forçait à lui gratter les talons, le soir, parfois pendant plus d’une heure et de mi, jusqu’à ce qu’elle s’endormit. Auparavant, ç’avait été une servante qu’on avait chargée de ce soin, parfois aussi la Serguéieva, qui s’était refusée à continuer parc que la main lui faisait mal.

Il ressort du témoignage d’Ousatschkowa qu’Alexandre, Nicolas et Olga étaient mal et salement tenus ; qu’ils couchaient sur le plancher ; n’avaient que des oreillers infects. « Dans une étable à cochon, dit cette Ousatschkowa, c’est plus propre que chez eux. »

Le gentilhomme Lubinov, qui a été précepteur chez les Djounkowsky jusqu’au mois d’août 1875, affirme qu’on entretenait très mal Nicolas, Olga et Alexandre, qui étaient souvent obligés de marcher pieds nus.

La fille Schichova, qui fut gouvernante des enfants jusqu’en août 1874, et dont le témoignage est lu à l’audience, raconte que Djounkowskaïa est une femme très égoïste. Elle n’a jamais caressé les enfants Alexandre, Olga et Nicolas. Le père était aussi froid envers eux. La Schichova veut expliquer le désordre de la maison des accusés et leur indifférence envers les trois enfants par les habitudes de négligence du père et de la mère, qui ne prenaient pas même soin d’eux-même ; ils vivaient éternellement dans les soucis leurs affaires d’argent étant extrêmement embrouillées, et ne savaient aucunement administrer leur intérieur. Le témoin ajoute que, n’aimant à se déranger pour rien, Djounkowskaïa déléguait à son mari le soin des corrections à administrer aux enfants ; et quoiqu’elle n’ait jamais assisté aux châtiments, Schichova croit savoir que M. Djounkowsky ne se montrait pas cruel. Parfois, dit encore Schichova, Mme Djounkowskaïa enfermant les enfants dans une pièce sur laquelle donnait les water-closets, mais cette pièce n’était pas plus froide que les autre.

Les jeune Nicolas et Alexandre ont mis beaucoup de