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JOURNAL D’UN ÉCRIVAIN

à vous, de nouvelles impressions viennent remplacer celle-là, des impressions forte, saines, heureuse. Quel travail pour vous ! Non, l’œuvre que vous entreprenez maintenant n’est pas à beaucoup près, aussi facile que se le figure votre femme ! Ne soyez pas offensé de mes paroles : j’accomplis, en les prononçant, un véritable devoir ; je parle au nom de la société, de l’État, de la patrie. Que deviendra la Russie à présent si les pères russes fuient leur devoir, ne recherchent que l’isolement et une égoïste tranquillité ? Qu’arrivera-t-il si votre exemple se propage ? Le pis est que vous n’êtes pas encore au nombre des plus mauvais pères et mères de famille contemporains. Toute conscience du devoir n’est pas morte chez vous ; vous n’êtes pas des égoïstes à froid. Vous vous montrez irrités, violents ; est-ce contre vous-même ou contre vos enfants ? Je ne répondrai pas à cette question, vous me paraissez capables de vous affligez de vos fautes, d’en être profondément attristés. Que Dieu vous soit en aide dans votre résolution de faire mieux. Aimez vos enfants : l’amour est si puissant qu’il peut nous régénérer. C’est à force d’amour que vous reconquerrez les cœurs de vos enfants et non pas en abusant de vos droits naturels sur eux. La nature nous vient en aide quand il s’agit de pareils devoirs ; la nature veut qu’il nous soit impossible de ne pas aimer nos enfants. Et comment ne pas les aimer ? Si nous cessons de les affectionner, qui pourrons-nous aimer et que deviendrons-nous nous même ? Rappelez-vous que c’est pour ces enfants que le sauveur a promis « d’abréger les temps et les délais ». C’est pour eux que les maux qui accompagnent la régénération de l’humanité prendront plus vite fin. Que s’achèvent bientôt les souffrances et les incertitudes de notre civilisation !

Et maintenant allez. Vous êtes acquittés…