Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/221

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cela ? » faillit crier Veltchaninov, qui avait peine à ne pas éclater de rire ; mais il se contint : c’eût été trop cruel.

— Mais enfin, s’écria-t-il, dites-moi pourquoi vous m’avez traîné là-bas de force. À quoi pouvais-je vous être bon ?

— C’était pour faire une épreuve, fit Pavel Pavlovitch, tout gêné.

— Quelle épreuve ?

— Pour éprouver l’effet… Voyez-vous, Alexis Ivanovitch, il n’y a guère qu’une semaine que je vais là-bas en qualité de… (il était de plus en plus ému). Hier je vous ai rencontré, et je me suis dit : « Je ne l’ai jamais vue dans une société d’étrangers, je veux dire, avec d’autres hommes que moi… » C’était une idée stupide, je le vois bien maintenant ; c’était tout à fait superflu. Mais je l’ai voulu à tout prix. La faute en est à mon malheureux caractère…

Et en même temps il releva la tête et rougit.

« Serait-ce vrai, tout cela ? » songea Veltchaninov, stupéfait.

— Eh bien, et alors ? dit-il tout haut.

Pavel Pavlovitch sourit, d’un sourire doux et sournois.

— Tout cela, ce sont des enfantillages, c’est tout à fait gentil ! Tout cela c’est la faute des