Page:Dostoïevski - L’Éternel Mari, trad. Nina Halpérine-Kaminsky, 1896.djvu/247

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et la pluie se mit à tomber à torrents. Pavel Pavlovitch se leva et alla fermer la fenêtre.

— Il vous demandait tout à l’heure si vous avez peur du tonnerre… Ha ! ha ! Veltchaninov, avoir peur du tonnerre… Et puis son Kobylnikov ! c’est bien cela, n’est-ce pas ? oui, Kobylnikov !… Et puis vos cinquante ans ! Ha ! ha ! Vous vous rappelez ? fit Pavel Pavlovitch d’un air moqueur.

— Vous êtes installé ici… — dit Veltchaninov, qui pouvait à peine parler, tant il souffrait, — moi, je vais me coucher… Vous ferez ce qu’il vous plaira.

— On ne mettrait pas un chien dehors par un temps pareil ! grogna Pavel Pavlovitch, blessé de l’observation, et presque enchanté qu’une occasion lui permît de se montrer offensé.

— C’est bon ! restez assis, buvez… passez la nuit comme il vous plaira ! murmura Veltchaninov ; il s’allongea sur le divan et gémit faiblement.

— Passer la nuit ici ?… Vous n’avez pas peur ?

— Peur de quoi ? demanda Veltchaninov en relevant brusquement la tête.

— Mais que sais-je, moi ? L’autre fois vous