— C’est-à-dire, quelle pensée, Aglaé Ivanovna ?
— Sur le hérisson ?
— Permettez… je suppose, Aglaé Ivanovna, que vous voulez savoir comment j’ai reçu… le hérisson… ou, pour mieux dire, comment j’ai envisagé… cet envoi… d’un hérisson, c’est-à-dire… en ce cas, je pense qu’en un mot…
Il étouffait et ne put continuer.
— Eh bien, vous n’avez pas dit grand’chose, reprit Aglaé après avoir attendu cinq secondes. — Soit, je consens à laisser là le hérisson ; mais je suis bien aise de pouvoir en finir une bonne fois avec tous les malentendus au milieu desquels nous nous débattons. Permettez-moi d’apprendre enfin personnellement et de votre propre bouche si, oui ou non, vous me recherchez en mariage.
— Ah, Seigneur ! laissa échapper Élisabeth Prokofievna.
Le prince frissonna et recula d’un pas. Ivan Fédorovitch resta comme pétrifié ; Alexandra et Adélaïde froncèrent le sourcil.
— Ne mentez pas, prince, dites la vérité. On me fait subir à propos de vous des interrogatoires étranges ; les questions dont on me harcèle ont-elles quelque raison d’être ? Eh bien ?
— Je ne vous ai pas demandée en mariage, Aglaé Ivanovna, dit le prince en s’animant tout à coup, — mais… vous savez vous-même que je vous aime et que je crois en vous… même maintenant…
— Ma question était celle-ci : Demandez-vous ma main, oui ou non ?
— Je la demande, répondit-il plus mort que vif.
Ces mots causèrent une sensation profonde et générale.
— Ce n’est pas comme cela, chère amie, observa Ivan Fédorovitch fort agité, — c’est… c’est presque impossible, si c’est ainsi, Glacha… Excusez, prince, excusez, mon cher !…
Puis il appela sa femme à son secours :
— Élisabeth Prokofievna ! il faudrait… approfondir…