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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/130

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120 LES FRÈRES KARAMAZOV-

douzième année. Mais cela réussit mal. Un jour, — c'était la deuxième ou troisième leçon, — le gamin se mit à rire.

— Qu'as- tu? demanda Grigory en le regardant avec sévérité par-dessus ses lunettes.

— Rien. Dieu a créé la lumière le premier jour, et le soleil, la lune et les étoiles le quatrième jour : d'oîi donc est venue la lumière, le premier jour?

Grigory était stupéfait. Le gamin continuait à regarder son maître d'un air ironique. Il y avait de la provocation dans ce regard . Grigory ne put se retenir.

— Voilà d'oui s'écria-t-il en le souffletant violemment. Le gamin reçut le soufflet sans mot dire, mais se blottit

de nouveau dans son coin pour plusieurs jours. Une semaine après, il eut une première crise d'épilepsie, maladie dont, dès lors, il ne cessa de soulTrir.

Fédor Pavlovitch changea aussitôt d'opinion sur le gamin. Jusqu'alors, il le regardait avec indin"érence, bien qu'il ne le grondât jamais, qu'il lui donnât un kopek chaque fois qu'il le rencontrait, et qu'il lui envoyât du dessert de sa table quand il était de bomie humeur. Mais à l'occasion de cette maladie, il lui marqua beaucoup plus d'intérêt et fit venir du chef-lieu un médecin. Smerdiakov était incurable. En moyenne, il avait une crise par mois, irrégulière quant à la date, tantôt très-forte, tantôt relativement faible. Fédor Pavlovitch défendit sévèrement à Grigory d'infliger au gamin des châtiments corporels et lui laissa l'accès de sa maison. Il défendit aussi (ju'on lui fatiguât l'esprit iusqu'à nouvel ordre. Une fois, — Smerdiakov avait quinze « ns, — Fédor Pavlovitch le surprit dans sa bibliothèque.

'Usait à travers les vitres les titres des ouvrages. Fédor

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