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LES FRERES KARAMAZOV. 165

Alioscha écoutait en silence.

— Pourquoi ne me parle-t-il pas? Et quand il lui arrive de m'adresser la parole, pourquoi fait-il des mines dégoû- tées? C'est un misérable, ton Ivan! Et Grousclika, je l'épouserai tout de suite, si je veux... Quand on a de l'argent; il suffit de vouloir, on a tout. C'est bien ce dont Ivan a peur : il voudrait m'empêcher d'épouser Grouschka, et il pousse Dmitri à la prendre. Comme s'il avait quelque chose à gagner en tout ceci ! Que j'épouse ou que je n'épouse pas, il n'aura rien. Mais voilà : si Dmitri épouse Grouschka, Ivan épouse la riche fiancée de Dmitri ! Voilà ses calculs ! Un misérable, ton Ivan !

— Comme vous êtes irrité! C'est la suite d hier. Vous feriez bien de vous recoucher.

— Tu oses me dire cela ! Mais , va, je ne me fâche pas contre toi. D'Ivan je ne le supporterais pas, je n'ai jamais eu de bonté qu'avec toi : pour tous les autres je suis méchant.

— Vous n'êtes pas méchant, vous êtes aigri, dit Alioscha en souriant.

— Écoute. Je voulais faire mettre en prison ce brigand de Mitka aujourd'hui même. Je ne sais pas encore quel parti je prendrai. Il est vrai qu'aujourd'hui le respect qu'on doit aux parents passe pour un préjugé, mais les lois, même celles de notre temps, ne permettent pas encore de traîner un père par les cheveux, de le frapper au visage à coups de botte et de le menacer, par-dessus le marché, (levant témoins, de venir le tuer. Si je voulais, je pour- rais donc le faire arrêter.

— Mais vous ne voulez pas; non, vous ne le voulez pas !

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