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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/176

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166 LES FRERES KAnAMAZOV.

— Ivan m'en a dissuadé. J'aurais lait peu de cas d'Ivan, mais il y a autre chose...

Et il se pencha vers Alioscha pour continuer à voix basse :

— Si je le mettais en prison, ce misérable, elle le sau- rait et irait aussitôt le voir : tandis que si elle apprend aujourd'hui qu'il m'a à moitié tué, moi, vieillard affaibli, elle l'abandonnera peut-être et viendra prendre de mes nouvelles... Voilà comme elle est! Je la connais bien... Veux-tu du cognac? Prends du café froid, je t'y verserai deux doigts de cognac, c'est excellent.

— Non, merci. Je préfère ce petit pain, dit Alioscha en prenant sur la table un petit pain français de trois kopeks qu'il mit dans la poche de sa soutane. Et je vous conseille de ne pas boire de cognac aujourd'hui.

— i)ui, cela irrite, mais rien qu'un petit verre... Il ouvrit un buffet, se versa un verre, referma le buf- fet et remit la clef dans sa poche.

— C'est tout. Un petit verre ne me tuera pas.

— Vous voilà meilleur!

— Ilum! je n'ai pas besoin de cognac pour t'aimer. Je ne suis méchant qu'avec les méchants. Vagnka ne veut pas aller se promener à Tchermachnia, pourquoi? H veut m'espionner, savoir combien je donnerai à Grouschegnk;i quand elle viendra. Tous des misérables! D'ailleurs, je le renie, Ivan. D'où vient-il 1 11 n'a pas l'âme comme toi et moi. Il compte sur ma fortune. .Mais je ne laisserai p;i> même de testament, sachez-le bien! Quant à Mitka, je l'écraserai comme un cafard. Je le ferai craquer sous ma pantoufle comme un cafard, ton Mitka! Je dis ton Mitka,

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