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170 LES FRÈRES KARAMAZOV.

ce n'est plus moi ! dit de la chambre voisine la voix aigu{> de Liza.

On sentait qu'elle faisait eilort pour ne pas éclater de rire.

— Ce ne serait pas étonnant, Liza, avec tout le mauvais sang que tu me fais faire! Du reste, elle est malade, Alexey Fédorovitch; elle a eu la fièvre toute la nuit. Avec quelle impatience j'attendais le matin, qui devait nous amener le docteur Herzenschtube ! Il dit qu'il n'y com- prend rien, qu'il faut attendre. C'est toujours la même chanson ! Et dès que vous êtes entré dans la maison, elle a jeté un cri et elle a voulu être portée dans sa chambre.

— Maman, je ne savais pas du tout qu'il venait; ce n'est pas à cause de lui que j'ai voulu rentrer chez moi...

— Voilà un mensonge, Liza! Julie est venue te dire que c'était Alexey Fédorovitch. Elle le guettait depuis assez longtemps !

— Chère maman, ce n'est pas malin de votre part, ce que vous faites là! Si vous voulez dire quelque chose de plus spirituel, dites à M. Alexey Fédorovitch que ce n'est pas bien malin à lui non plus d'oser se montrer aujour- d'hui, quand hier tout le monde s'est moqué de lui.

— Liza, tu es par trop hardie ; je t'assure que tu m'o- bligeras à prendre des mesures sévères à ton égard. Qui donc pourrait se moquer de lui? Je suis si contente de le voir! J'ai tant besoin de lui! Ah! Alexey Fédorovitch, je suis très-malheureuse!...

— Qu'avez-vous donc, chère maman?

— Tes caprices, Liza, ton inconstance, ta maladie, crois- tu que tout cela ne soit rien? Ces nuits de fièvre! et le

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