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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/191

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LES FRÈRES KARAMAZOV. 18!

Elle éclata en sanglots. Alioscha se leva.

— Ce n'est rien, ce n'est rien, reprit-elle tout en pleu- rant. C'est l'émotion... c'est l'insomnie... mais avec des amis comme votre frère et vous, je garde confiance... car je sais... que vous ne m'abandonnerez jamais.

— Malheureusement, demain même il faudra que je parte pour Moscou. Je vous laisserai pour longtemps, et malheureusement encore ce voyage ne peut être remis, dit tout à coup Ivan Fédorovitch.

— Demain? à Moscou! s'écria Katherina Ivanovna bouleversée, mais... mon Dieu!... que c'est heureux! s'exclama-t-elle d'une voix changée.

Son visage ne gardait déjà plus aucune trace de larmes, ce n'était déjà plus la jeune fille blessée et désolée : c'était la femme maîtresse d'elle-même.

— Ce n'est pas de votre départ que je me félicite, reprit- elle avec le sourire charmant d'une mondaine. Un ami comme vous ne pouvait, d'ailleurs, me supposer une telle pensée. Je serais au contraire désolée de ne plus vous voir...

Elle prit les mains d'Ivan Fédorovitch et les serra vive- ment.

— Mais je me réjouis de pouvoir faire connaître par vous à ma tante et à ma sœur dans quelle situation je suis. Vous saurez concilier la franchise avec tous les ménagements nécessaires. Vous ne pourriez vous ima- giner combien j'étais malheureuse hier et ce matin : je ne savais comment leur écrire cela. Mais ma lettre devient très-simple et très-facile à faire, puisque c'est vous qui

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