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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/201

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— Comment? vous avez menti? Un moine, mentir!

— Soit, j’ai menti pour ne pas vous rendre votre lettre. Elle m’est trop précieuse! ajouta-t-il avec émotion. Je la garderai toujours.

Liza le contemplait avec enthousiasme.

— Alioscha, fit-elle à voix basse, voyez donc encore à la porte si maman ne nous écoute pas.

— Oui, Liza, je vais regarder, mais est-ce bien? Dites? Pourquoi soupçonner votre mère d’une telle bas- sesse ?

— Comment, bassesse? Quelle bassesse? Parce qu’elle surveillerait sa fille? Mais c’est un devoir! il n’y a pas de bassesse ! s’écria Liza tout enflammée. Soyez sûr, Alexey Fédorovitch, que, quand je serai mère, quand j’aurai une fille comme moi, je la surveillerai aussi.

— Vraiment, Liza? ce n’est pas bien.

— Mon Dieu! Mais où voyez-vous du mal? S’il ne s’agissait que d’une conversation quelconque , écouter serait une bassesse. Mais une jeune fille, enfermée avec un jeune homme!... Sachez que je vais vous surveiller dès que nous serons mariés. Je décachetterai toutes vos lettres et je les lirai... Vous voilà prévenu!

— C’est entendu, murmura Alioscha, mais ce n’est pas bien.

— Quelle affectation! Alioscha, mon cher, ne nous querellons pas déjà ! Je préfère vous dire toute la vérité. Certes, c’est mal d’écouter aux portes, j’ai tort et vous avez raison : n’empêche que j’écouterai toujours, moi.

— Faites ! Vous ne me surprendrez jamais dit en riant Alioscha.