Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/202

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— Et encore, m’obéirez-vous ? Il faut aussi dfcider cela à l’avance.

— Absolument, Liza, mais pas dans les cas graves. Dans ces cas-là , même si nous ne sommes pas d’accord , je n’agirai jamais que selon ma conscience.

— C’est ce qu’il faut. Sachez alors que moi, au contraire, je suis prête à me soumettre à vous dans les cas graves et dans les autres, je vous le jure dès maintenant, en tout et pour toute la vie ! s’écria Liza avec fougue, et cela joyeusement, heureusement 1 Plus encore, je vous jure de ne jamais écouter aux portes, pas une fois, et je ne décachetterai pas vos lettres, car c’est vous qui avez rai- son. Sans doute je désirerai tout entendre, mais je n’écou- terai pas, puisque vous pensez que cela manquerait de noblesse. Vous êtes ma providence. Mais pourquoi êtes- vous si triste depuis quelques jours ? Je sais vos ennuis, mais n’avez-vous pas aussi des tristesses secrètes ? peut- être, eh?

— Oui, Liza, j’ai une tristesse secrète. Je vois que vous m’aimez, puisque vous avez deviné...

— Quelle tristesse? A propos de quoi? Voulez-vous me la confier? dit-elle avec un sourire suppliant.

— Je vous la dirai... plus tard. Maintenant, vous ne me comprendriez peut-être pas, ou peut-être ne pourrais-je me faire comprendre.

— Je sais qu’il s’agit de vos frères et de votre père.

— Oui, mes frères... dit Alioscha comme absorbé en lui-même.

— Votre frère Ivan Fédorovicth me déplaît, Alexey Fédorovitch.