Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/270

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— Pourquoi t’es-tu fourré là dedans? Pourquoi as-tu commencé à te faire l’espion de Dmitri?

— Comment faire autrement? Je me taisais, je ne disais rien; c’est lui-même qui m’a mis dans ses confidences, et depuis il me menace de mort ! Je suis sûr que demain j’aurai une crise, une longue crise.

— Quelle crise?

— Mais une longue, très-longue crise. Elle durera plu- sieurs heures, peut-être un jour, peut-être deux. Une fois, elle a duré trois jours, trois jours sans connaissance! Fédor Pavlovitch a envoyé chercher Ilerzenchtube. Il m’a fait mettre de la glace sur la tète. J’ai failli mourir.

— Mais on dit qu’il est impossible de prévoir les crises d’épilepsie. Comment peux-tu donc savoir que ce sera demain? demanda Ivan Fédorovitch avec une curiosil’ mêlée de colère.

— C’est vrai.

— Cette crise n’a été si longue que parce que tu étais . cette fois, tombé du grenier.

— Mais j’y monte tous les jours, je peux donc en tom- ber demain. Et si ce n’est pas au grenier , je tomberai à la cave. J’y vais aussi tous les jours.

— Tu baragouines là quelque chose que je ne puis comprendre, dit Ivan à voix basse, sur un ton menaçant. N’as-tu pas l’intention de feindre une crise pour trois jours .^

Smerdiakov, (jui regardait la terre et jouait du bout du pied droit, changea encore de pied, leva la tête et dit en souriant :

— Si je pouvais feindre, — ce n’est pas diflicile quand on en a l’expérience, — j’aurais bien le droit d’employer