Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/278

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naire, se leva vivement, s’habilla et se mit à boucler sa malle. Quand tout fut prêt, — c’était neuf heures, — Marfa Ignatievna vint lui demander s’il prendrait le thé chez lui, ou s’il descendrait.

Il descendit, presque joyeux, quoiqu’il y eût dans ses gestes quelque chose de fébrile. En saluant son père, il lui demanda de ses nouvelles et lui déclara, sans attendre sa réponse, qu’il partait dans une heure pour Moscou. Le vieux ne manifesta aucun étonnement, négligea même de se chagriner par convenance à propos de ce départ.

— Ah ! voilà comme tu es 1 Tu ne m’as pas dit cela hier. N’importe! Veux-tu me faire un plaisir? Passe par Tcher- machnia. Cela ne fera pas un grand détour.

— Permettez, je ne puis. Il y a quatre-vingts verstes jus- qu’au chemin de fer, et le train de Moscou part à sept heures du soir. J’ai juste le temps.

— Eh bien, tu iras demain ou après-demain. Aujourd’hui va à Tcliermachnia. Qu’est-ce que cela te fait? Je serai plus tranquille. Si je n’avais pas alîaire ici, j’irais moi- même, c’est très -pressé. Mais tu sais qu’il se passe ici des choses... Vois-tu, j’ai là-bas un bois à vendre. Un maichand ofl’re onze mille roubles. On m’écrit qu’il ne passera qu’une semaine à Tchermachnia, Tu irais négocier la chose avec lui .

— Eh bien, écrivez à votre correspondant, ils s’enten- dront ensemble.

— Mon correspondant ne saura pas; c’est un pope, il ne connaît rien aux alTaires. Il faut du nez là dedans, I marchand est un coquin !

— Mais, moi non plus, je n’entends rien à ces sortes d’affaires.