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182 LES FRÈRES KARAMAZOV.

Me perinets-tu réellement de rester sur tes genoux? Si cela te déplaît, je vais me lever.

Alioscha se taisait. Il n'osait bouger. Il ne répondait pas, il était comme paralysé. Mais ce n'était pas la sensation qu'on aurait pu prévoir et que supposait Rakitine, qui l'observait avec sensualité. La tristesse dont son âme était pleine submergeait toutes ses sensations et, s'il avait pu se rendre compte de son état, il aurait compris lui-même qu'il était inaccessible à toute séduction. Néanmoins la nouveauté même d'une telle impassibilité l'étonnait. Cette femme, cette» terrible »femme,non-seulement ne l'effrayait pas, lui qu'auparavant l'idée même de la femme épouvan- tait, mais lien avait une sorte de curiosité extraordinaire.

— Soyons sérieux ! dit Rakitine. Donne-nous du Cham- pagne. Tu sais que tu me le dois.

— C'est vrai. Tu sais^ Alioscha, que je lui ai promis du cliampagne par-dessus le marché, s'il t'amenait. Fénia, apporte la bouteille que Mitri a laissée. Je suis triste... Mais n'importe! Je vais vous faire servir du Champagne 1 Pas pour toi, Rakitine, tu n'es qu'un champignon 1 Mais pour lui ! J'ai autre chose en tête; mais n'importe, je veux boire avec vous.

— Mais quelle est donc cette nouvelle? demanda Raki- tine. C'est un secret ?

— Ce n'est pas un secret. D'ailleurs, tu es au courant... f Mon officier » arrive.

— J'ai entendu dire cela. Mais est-il déjà si près?

— 11 est maintenant à Mokroïe. Il doit m'eiivoyer un exprès. Je viens de recevoir une lettre. J'attends la voiture.

— Et pourquoi à Mokroïe?

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