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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/62

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le parent d’une fille publique, je vous prie de le croire !

Rakitine était très-excité.

— Pardon, je ne pensais pas t’offenser. D’ailleurs, est-ce donc une fille publique ? Est-ce vraiment cela ? dit Alioscha, très-confus. Je te répète, on m’avait dit qu’il y avait entre vous des liens de parenté. Et en effet, je te voyais aller très-souvent chez elle, et tu me disais qu’elle n’était pas ta maîtresse… Je ne pouvais m’imaginer que tu eusses pour elle tant de mépris. Mérite-t-elle donc une opinion si sévère ?

— Si je vais chez elle, j’ai mes raisons pour cela. Contente-toi de cette explication. Quant à la parenté, c’est plutôt toi qui en auras une avec elle par ton père ou par ton frère. Mais nous voilà arrivés. Va à ta cuisine, va. Hé ! qu’y a-t-il donc ? Qu’est-ce que c’est ? Arrivons-nous trop tard ? Ils n’ont pourtant pu dîner en si peu de temps. Peut-être les Karamazov auront-ils encore fait des leurs ? C’est ce qu’il y a de plus probable : voici ton père avec Ivan Fédorovitch, ils sortent de chez le supérieur, et voici le Père Lezisof qui les interpelle du perron. Et ton père crie, agite les mains… C’est sans doute une querelle. Baste ! Et voilà Mioussov aussi qui monte dans sa voiture ! Il passe et s’en va. Et le pomiestchik qui court aussi ! C’est encore un scandale ! Le dîner n’aura certainement pas eu lieu. Peut-être ont-ils battu le Père supérieur ? À moins qu’on les ait battus eux-mêmes ? Ils le mériteraient bien !

Rakitine ne s’étonnait pas pour rien.