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Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 1.djvu/67

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rence, puis-je entrer, oui ou non ? M’agréez-vous pour convive ?

— Je vous prie… de tout mon cœur. Messieurs, permettez-moi de vous prier d’oublier vos querelles, de ne pas troubler la paix de cette réunion.

— Non ! non ! jamais ! cria Petre Alexandrovitch hors de lui.

— Si Petre Alexandrovitch ne peut pas, je ne puis pas non plus. Je ne resterai pas. Je suis venu pour lui et je ne ferai rien que ce qu’il fera. S’il reste, je reste ; je pars s’il part. N’est-ce pas, Von-Zohn ? dit-il en s’adressant au pomiestchik. Car voici encore Von-Zohn ! Bonjour, Von-Zohn !

— C’est à moi que vous parlez ? murmura, tout ahuri, le pomiestchik Maximov.

— Certainement, à toi ! Et à qui donc ? Ce n’est pas le Père supérieur qui s’appelle Von-Zohn !

— Mais moi non plus ! Je m’appelle Maximov.

— Non, tu es Von-Zohn. Votre Révérence, savez-vous ce que c’est que Von-Zohn ? Vous ne vous souvenez pas du célèbre procès criminel Von-Zohn ? On l’a tué dans un lieu d’abomination (n’est-ce pas ainsi qu’on appelle chez vous les mauvaises maisons ?)… on l’a tué, dévalisé, et, malgré son âge respectable, enfermé et envoyé dans un coffre bien ficelé de Saint-Pétersbourg à Moscou avec un numéro. Les pécheresses, pendant qu’on le ficelait, chantaient, jouaient de la harpe et du piano. Et c’est ce Von-Zohn-là ! Il est ressuscité d’entre les morts. N’est-ce pas, Von-Zohn ?

— Mais quoi ? qu’est cela ? murmurèrent les moines.