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dans toute la noblesse de son âme. Messieurs, non, vous n’en avez pas le droit ! Mais

Silence, mon âme !
Patiente, humilie-toi, rentre en toi-même.

Faut-il continuer ? demanda-t-il brusquement.

— Comment donc ? je vous en prie, fit Nikolay Parfenovitch.

IV

Mitia reprit son récit, avec un peu d’irritation, mais il était évidemment résolu à n’omettre aucun détail. Il expliqua comment il avait escaladé la clôture, comment il s’était approché de la fenêtre et tout ce qui alors s’était passé en lui-même. Avec précision, avec lucidité, il analysa les sentiments qui l’avaient envahi en cet instant où il désirait si violemment savoir si Grouchegnka était ou n’était pas chez Fédor Pavlovitch. Chose remarquable, le procureur et le juge l’écoutaient maintenant avec une extrême et presque hostile contention ; ils le regardaient sévèrement et lui posaient le moins de questions possible. Mitia ne pouvait rien lire sur leurs visages. « Sont-ils offensés ? » se demandait-il. « Eh bien, au diable ! » Quand il en vint à dire qu’il avait fait à son père le signal convenu pour l’arrivée de Grouschegnka, le juge et le procureur semblèrent ne point prendre garde au mot signal,