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Alioscha visitait le malade deux fois par jour. Mais, ce matin-là, il venait pour une affaire toute particulière, très-difficile à exposer, et il se hâtait, étant appelé ailleurs par une autre importante affaire dans cette même matinée.

Katherina Ivanovna et Alioscha causaient depuis un quart d’heure. Elle était pâle, très-fatiguée, très-agitée et semblait pressentir le but de la visite d’Alioscha.

— Ne vous inquiétez pas de ses intentions. D’une façon ou d’une autre il faut qu’il s’évade. Ce pauvre garçon, ce héros d’honneur et de conscience… Je ne parle pas de Dmitri, je parle de celui qui est malade, ici, — m’a depuis longtemps déjà expliqué divers plans d’évasion. Il a même fait des démarches… je vous en ai déjà parlé. Voyez-vous, ce sera sans doute à la troisième étape, quand les condamnés seront envoyés en Sibérie. Ivan Fédorovitch a fait le voyage exprès pour connaître le chef de la troisième étape. Mais on ne sait pas encore qui conduira le détachement. D’ailleurs cela n’est jamais connu à l’avance. Je vous montrerai demain, dans tous les détails, les plans que m’a remis Ivan Fédorovitch, la veille du jugement… C’était l’autre jour, vous rappelez-vous ? ce soir où vous nous avez surpris à nous quereller. Il descendait dans l’escalier, et moi, en vous apercevant, je l’ai prié de revenir. Savez-vous à propos de quoi nous nous querellions ?

— Non.

— Alors il vous a caché cela ? Il s’agissait précisément de ces plans d’évasion. Déjà trois jours auparavant il m’avait expliqué les principaux points de ses plans : il voulait que Dmitri, s’il était condamné, s’enfuît à l’étranger avec cette créature ; et c’est alors que je me suis fâchée,