Page:Dostoïevski - Les Frères Karamazov 2.djvu/318

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Guerassim Mikhaïlovitch sortit. Alioscha l’entendit fermer la porte d’en bas et, quelques minutes après, descendit à son tour.

Les soldats s’étaient endormis. On n’entendait d’autre bruit que les ronflements des dormeurs et les pas égaux du factionnaire devant la porte. Il faisait sombre ; une lampe brûlait dans un coin, dégageant plus de fumée que de lumière. Mitia agita doucement ses fers pour attirer l’attention d’Alioscha, qui s’approcha de lui sans bruit.

— Que voulez-vous ? dit tout à coup un voix rauque. Alioscha aperçut, à la gauche de son frère, un soldat assis qu’il n’avait pas d’abord aperçu, l’un des deux vieux troupiers qu’on lui avait désignés.

— Vladimir Grigorievitch ? demanda Alioscha.

— Il dort, que lui voulez-vous ?

— Ossip Porfirovitch ?

— C’est moi.

— J’ai deux mots à vous dire, reprit Alioscha, en faisant tout doucement sonner dans sa poche des pièces d’or.

Le vieux soldat dressa l’oreille.

Il se leva et suivit Alioscha dans un coin de la salle.

— Permettez-moi… dit Alioscha en glissant quatre billets rouges dans la main de Karpenko, pour quelques instants…

— Quoi ?… que faites-vous ? dit le troupier en se baissant pour regarder dans sa main ouverte.

— Permettez-moi, reprit Alioscha en ajoutant aux billets quelques pièces d’or, de monter avec votre prisonnier… pour deux minutes seulement… dans la chambre au-dessus…