Page:Dostoïevski - Un adolescent, trad. Bienstock et Fénéon, 1902.djvu/65

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— Je ne sais pas.

— S’il est là, désigne-le-moi dès que nous serons entrés. C’est entendu, n’est-ce pas ?

Diergatchov vivait avec sa femme, sa belle-sœur et une de leurs parentes, dans un pavillon exigu dont il était le seul locataire. Il devait quitter bientôt Pétersbourg : une situation où il pourrait exercer avantageusement ses talents d’ingénieur lui était of­ferte en province.

De l’antichambre, nous entendîmes un brouhaha. On devait discuter chaudement, ce qui ne laissa pas de m’être désagréable ; je me promis bien de ne pas m’engager dans le débat et de ne dire que le strict nécessaire : ainsi ne donnerais-je prise à per­sonne.

Dans la chambre, trop petite, il y avait sept hom­mes, dix personnes en comptant les femmes. Elle était propre, meublée simplement, décorée d’une li­thographie épinglée au mur et d’une icône devant laquelle brûlait une veilleuse.

— Asseyez-vous, me dit Diergatchov en me serrant la main. Il n’y a ici que des camarades.

— Voulez-vous me permettre, monsieur..., ajouta aussitôt sa femme, une très jeune personne, assez jolie, modestement habillée, qui me salua d’une lé­gère inclinaison de tête et sortit, sans doute pour aller donner le sein à son enfant. La belle-sœur et la parente restèrent dans la chambre : l’une, assez jolie aussi, vêtue de noir, toute menue, était âgée de quelque vingt ans ; l’autre, plus vieille d’une dizaine d’années, aux yeux mobiles dans un masque mince ; elles étaient attentives à la conversation, mais n’y intervenaient pas. Outre les femmes et moi, seuls Kraft et Vassine étaient assis. Efime me les ayant