Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/188

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rien encore, mais je suis sûr que ce sot gentleman aura des partisans. L’homme est ainsi fait ! Il veut être libre, il veut pouvoir agir contre son intérêt, il prétend que parfois c’est un devoir. (Cette idée m’est personnelle…) Mon propre vouloir, mon caprice, ma fantaisie la plus folle, voilà le plus intéressant des intérêts, cet intérêt particulier dont je vous parlais, qui refuse d’entrer dans vos classifications et les fait éclater. Où prenez-vous que l’homme aime la sagesse et s’en tienne à ne rechercher que ce qui lui est utile ? Ce qu’il faut à l’homme, c’est l’indépendance, à n’importe quel prix.


VIII


― Ah ! ah ! ah ! ah ! Mais il n’y a pas d’indépendance ! me répondez-vous en riant. La science a disséqué l’homme, et vous savez par elle que la volonté, la liberté ne sont autre chose que…

― Un instant ! c’est précisément ce que je voulais dire, quand vous m’avez interrompu. Oui,