Page:Dostoïevsky - L’Esprit souterrain, trad. Halpérine et Morice, 1886.djvu/194

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où ne pénètre qu’une lumière de crépuscule finissant, une aube d’agonie, vous vous demandez ce que c’est que la vie, et ce que c’est que le jour. Je vous ai donné quarante ans pour vous faire une opinion sur ces graves sujets, et aujourd’hui, premier jour de la quarante et unième année, je vous interroge : « Qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que… ? » Mais vous ne me laissez pas finir. Vous avez tant pensé, tant réfléchi, que vous éclatez en paroles, un peu incohérentes, mais non pas tout à fait dénuées d’un certain sens, ― qui, je l’avoue, n’est peut-être pas le sens commun.


XII


 
Quand, de la nuit de sa perte,
Par un mot d’ardente persuasion,
J’ai sauvé ton âme égarée
Et qui débordait de douleur,
Tu as maudit en te tordant les mains
Le vice qui t’avait investie,
Et la conscience, qui allait te fuir,
Te châtia par le souvenir,
Et tu commençais à me conter