Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je lui fis du thé. Il n’y a rien de tel quand on est malade. Je fis travailler la vieille… « Allons ! pensai-je, cela va mal. » Le troisième jour, au matin, j’allai chez le médecin Kostopravov, un homme que je connaissais. Il vint, l’examina, et déclara que c’était grave. « Vous n’avez plus besoin de moi, qu’il dit. Faites-lui prendre quelques paquets de telle poudre. » Je ne lui donnai point de poudre, je me disais : « Le médecin s’amuse !… » Au cinquième jour, tout se gâta.

Il agonisait, monsieur. Moi, je travaillais à la fenêtre. La vieille allumait le poêle. Personne ne parlait. J’avais le cœur déchiré. Il me semblait que j’enterrais mon propre fils.

Je sais bien qu’Emelian me regarde sans oser rien dire. Enfin, je le regarde aussi, et je vois tant de chagrin dans ses yeux !