Page:Dostoievski - La femme d'un autre.djvu/39

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loin de vous craindre. Mais mon ami m’attend sur le pont de Voznessensky. Parole, tout ce que je fais, c’est pour lui. Hélas ! c’est sa femme, — car ce n’est pas la mienne, c’est la femme d’un autre. Le pauvre garçon ! je le connais beaucoup. Voulez-vous que je vous raconte ? Je suis son ami, comme bien vous pensez. Autrement, m’agiterais-je ainsi pour lui ? Et que de fois jadis je lui disais : « Pourquoi te marier, mon cher ami ? Tu as du savoir, de la fortune, de la considération, et tu veux échanger tous ces biens contre le caprice d’une coquette quelconque ? » — N’avais-je pas raison ? — « Non, me répondait-il, je veux me marier ; le bonheur de la famille… » Ah, ah ! le voilà, le bonheur de la famille ! Jadis il trompait comme vous les maris, et maintenant il boit la lie du verre qu’il a vidé… Excu-