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21 juin.

MA CHÉRIE, MATOTCHKA !

Je veux vous écrire, et je ne sais par où commencer. Voyez comme c’est étrange, matotchka, la façon dont nous vivons maintenant, vous et moi ! Je veux dire que je n’ai jamais passé mes jours dans une telle joie ; on dirait que le Seigneur m’a donné un foyer et une famille ! Vous êtes mon petit enfant, ma charmante ! Mais pourquoi parlez-vous des quatre chemises que je vous ai envoyées ? Voyons, vous en aviez besoin, — je l’ai su par Fédora. Et vous rendre service, matotchka, est pour moi un bonheur particulier ; c’est mon plaisir, laissez-le-moi, matotchka, ne vous y opposez pas. Il ne m’était jamais arrivé rien de pareil, matotchka. Voilà qu’à présent je suis lancé dans le monde. D’abord, je vis doublement, puisque vous vivez aussi très-près de moi et pour ma consolation ; ensuite, j’ai reçu une invitation à aller prendre le thé aujourd’hui chez un locataire, mon voisin, Ratazaïeff, ce même employé qui donne des soirées littéraires. Il y a réunion