Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/136

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moi ! Et je suis presque votre parente. Vous ne m’aimez pas, Makar Alexéiévitch ; dans la solitude je suis quelquefois fort triste. Parfois, surtout à la tombée de la nuit, je me trouve toute seule à la maison. Fédora s’en va quelque part. Je reste là à penser, à me rappeler le passé, ses joies et ses tristesses ; — tout se présente devant mes yeux, tout surgit comme d’un brouillard. Des figures connues m’apparaissent (je commence à avoir des visions presque en état de veille), — c’est le plus souvent ma mère que je vois... Et quels rêves je fais ! Je sens que ma santé est détruite ; je suis si faible ; voilà que ce matin, en me levant, je me suis trouvée mal ; en outre, j’ai une si mauvaise toux ! Je sens, je sais que je mourrai bientôt. Qui m’enterrera ? Qui suivra mon cercueil ? Qui me pleurera ?... Et voilà qu’il me faudra peut-être mourir chez autrui, dans une maison étrangère, dans un coin étranger !... Mon Dieu, que la vie est triste, Makar Alexéiévitch ! — Pourquoi, mon ami, me faites-vous toujours manger des bonbons ? Vraiment, je ne sais où vous prenez tant d’argent ! Ah ! mon ami, ménagez l’argent, pour l’amour de Dieu, épargnez-le. — Fédora va vendre le tapis que