Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/183

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puis Son Excellence passe quelquefois devant notre table ; si, ce qu’à Dieu ne plaise, elle jetait les yeux sur moi et remarquait l’inconvenance de ma mise ! Le principal pour elle, c’est la propreté, la correction de la tenue. Elle ne dirait peut-être rien, mais je mourrais de honte, — voilà ce qui arriverait. En conséquence, prenant mon courage à deux mains et mettant bas toute pudeur, j’allai trouver Pierre Pétrovitch ; j’étais plein d’espoir, et en même temps l’attente me causait des transes mortelles. Eh bien, quoi, Varinka, tout se termina bêtement ! Il était occupé, il causait avec Fédosii Ivanovitch. Je l’abordai de côté, et, le tirant par sa manche : « Pierre Pétrovitch, eh, Pierre Pétrovitch ! » fis-je. Il se retourna. Je lui dis que j’étais dans telle situation, que j’avais besoin de trente roubles, etc. D’abord, il ne me comprit pas, puis, quand je lui eus tout expliqué, il se mit à rire, mais ne proféra pas une parole. Je lui renouvelai ma demande. Alors il me posa la question : « Avez-vous un gage ? » Après quoi, il s’enfonça dans ses paperasses, commença à écrire et ne me regarda plus. « Non, Pierre Pétrovitch », répondis-je un peu déconcerté, « je n’ai pas de gage ; mais sitôt