Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/187

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ensuite, reprenant la parole, il a dit qu’il se sentait de l’estime pour moi à cause de ma modestie et de ma moralité, et qu’il désirait vivement que je ne l’évitasse point. Après quoi, il a pris à part Fédora, et, sous un prétexte étrange, il a voulu lui donner de l’argent. Bien entendu, Fédora ne l’a pas accepté. Finalement il s’est mis en devoir de se retirer, a renouvelé toutes ses assurances précédentes, a dit qu’il viendrait me voir encore et qu’il m’apporterait des boucles d’oreilles (il paraissait lui-même fort troublé) ; il m’a invitée à changer de logement et m’a recommandé un bel appartement qu’il avait en vue et qui ne me coûterait pas cher ; il a dit qu’il m’aimait beaucoup parce que j’étais une jeune fille honnête et sage ; il m’a conseillé de prendre garde aux jeunes gens débauchés, et enfin il a déclaré qu’il connaissait Anna Fédorovna, et qu’Anna Fédorovna l’avait chargé de me dire qu’elle-même me ferait visite. Alors j’ai tout compris. Je ne sais ce qui s’est passé en moi ; c’était la première fois de ma vie que je me voyais dans une situation semblable ; je n’ai pu me contenir ; je l’ai accablé des reproches les plus insultants. Fédora s’est jointe à moi et l’a presque jeté à la