Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/217

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d’impression — agréable, pénible, douloureuse, — dont je ne retrouve l’analogue dans mon passé, surtout dans mon enfance, mon heureuse enfance ! Mais de tels instants me laissent toujours une sensation de malaise. Je m’affaiblis, ma rêverie me fatigue, et, indépendamment de cela, ma santé devient de plus en plus mauvaise. Mais, ce matin, le temps frais, clair, radieux, comme il l’est rarement ici en automne, m’a ranimée, et j’ai joyeusement accueilli la journée d’aujourd’hui. Ainsi chez nous c’est déjà l’automne ! Que j’aimais cette saison à la campagne ! Quoique je ne fusse alors qu’un enfant, je sentais déjà bien des choses. En automne, j’aimais le soir plus que le matin, je me rappelle qu’il y avait un lac à deux pas de chez nous, au pied d’une montagne. Ce lac, — il me semble que je le vois encore, — était si large, si uni ; il avait la limpidité et la transparence du cristal. Si la soirée était calme, le lac était tranquille, aucun frémissement n’agitait les feuilles des arbres qui croissaient sur ses bords ; l’eau était immobile, on aurait dit un miroir. Une fraîcheur ! un froid ! La rosée tombe sur l’herbe, des feux commencent à briller dans les