Page:Dostoievski - Les Pauvres Gens.djvu/269

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et me dit qu’il avait toujours été convaincu que j’étais une demoiselle bonne, sensible et instruite, mais qu’avant de se résoudre à cette démarche, il avait voulu se renseigner de la façon la plus détaillée sur ma conduite présente. Puis il me questionna sur vous : on lui avait tout appris, dit-il, vous étiez un homme de principes nobles ; lui, de son côté, ne voulait pas être en reste avec vous ; en fin de compte, il me demanda si cinq cents roubles seraient une rémunération suffisante de tout ce que vous aviez fait pour moi. Je lui déclarai que ce que vous aviez fait pour moi, aucune somme d’argent ne pourrait le payer. Il répliqua que tout cela était absurde, que c’était du pur roman, que j’étais encore jeune et que je lisais des vers, que les romans perdaient les jeunes filles, que les livres ne servaient qu’à gâter la moralité, et qu’il n’en pouvait souffrir aucun ; il me conseilla d’attendre que j’eusse son âge pour parler des gens ; « alors », ajouta-t-il, « vous les connaîtrez ». Il dit ensuite que je devais réfléchir mûrement à ses propositions, qu’il lui serait très-désagréable que, dans une question de cette importance, je me décidasse à la légère ; que l’irréflexion et l’entraînement