— Hem ! On verra. On lui fera passer un examen à ce Korovkine. Mais en voilà assez ! conclut-il en se levant. Je ne saurais encore vous accorder mon pardon total, colonel, car l’outrage fut sanglant. Mais je vais prier et peut-être Dieu fera-t-il descendre la paix en mon âme offensée. Nous en reparlerons demain. Pour le moment, permettez-moi de me retirer. Je suis très fatigué ; je me sens affaibli...
— Ah ! Foma, fit mon oncle avec empressement, tu dois être bien las. Si tu mangeais un morceau pour te réconforter ? Je vais donner des ordres.
— Manger ? Ha ! ha ! ha ! Manger ! répondit Foma avec un rire de mépris. On vous fait vider une soupe empoisonnée et puis on vous demande si vous n’avez pas faim ? On soignerait les plaies du cœur avec de petits plats ? Quel triste matérialiste vous faites, colonel !
— Foma, je te jure que je te faisais cette offre de bon cœur !
— C’est bien, laissons cela. Je me retire. Mais vous, courez immédiatement vous jeter aux pieds de votre mère et tâchez d’obtenir son pardon par vos larmes et vos sanglots ; tel est votre devoir.
— Ah ! Foma, je n’ai cessé d’y penser tout le