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LA RELIGION DES CELTES

lère Maxime « si l’opinion de ces gens à braies n’était celle de Pythagore vêtu du pallium ». Pour d’autres écrivains, cette doctrine était venue aux Celtes par les druides. Toujours est-il qu’elle était très répandue et très populaire. De là l’usage de se prêter entre eux des sommes remboursables dans l’autre monde, de fixer les enfers comme lieu de règlement de leurs affaires commerciales[1], de brûler et d’enterrer avec les morts ce qui sert aux vivants,[2]. On a même vu, dit Pomponius Méla, des parents se jeter volontairement dans le bûcher de leurs proches dans l’espoir d’aller vivre avec eux[3]. Les Celtes prétendent ne craindre ni les tremblements de terre ni les inondations ; ils s’avancent tout armés au devant des flots[4]. C’est que la foi en une autre vie est éminement propre à exalter le courage[5] ; elle était sans doute aussi la cause de ces suicides d’un caractère religieux que l’on a signalés chez les Celtes[6] ; elle peut de même dans certains cas rendre compte des sacrifices humains, dont nous venons de parler.

Il ne semble pas, bien que les textes soient obscurs et contradictoires, que cette immortalité ait consisté en une seconde vie sur la terre dans un corps nouveau. Ce n’est pas la doctrine pythagoricienne, d’après laquelle l’âme des méchants revenait en ce monde habiter un autre corps, tandis que l’âme des justes menait dans les espaces aériens une vie purement spirituelle. Ce n’est pas non plus les demeures silencieuses de l’Erèbe, ni les profondeurs du pâle royaume de Dis que gagnent les âmes. Le même souffle anime leurs membres dans un autre monde, la mort

  1. Valère Maxime, ii, 6, 10.
  2. De bello gallico, vi, 19, 4.
  3. Chorographia, iii, 2.
  4. Aristote, Ethique à Nicomaque, iii, 7, 7 ; Ethique d’Eudème iii, 1, 25.
  5. De bello gallico, vi, 14.
  6. Nicolas de Damas, chez Stobée, vii, 40.