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LA RELIGION DES CELTES

ments empruntés à l’histoire de Circé[1]. Remarquons de plus que le nom de druidesse n’y est pas prononcé. Si nous n’acceptons qu’avec réserve le témoignage de Mela sur les vierges de Sein, nous ne trouvons qu’au iiie siècle en Gaule des prophétesses appelées dryades. L’une aurait prédit en gaulois à Alexandre Sévère sa fin prochaine[2]. L’empereur Aurélien avait consulté des prophètesses gauloises, Gallicanes Dryadas, sur l’avenir de sa postérité[3]. Une de ces femmes aurait promis l’empire à Dioclétien[4]. Cette dernière était une aubergiste de Tongres. Les druidesses gauloises, si tant est qu’il y en ait eu, n’étaient plus à cette époque que de simples diseuses de bonne aventure.

Chez les Irlandais, il n’y a pas de druidesses, mais seulement des ban-filé qui comme les filé étaient à la fois devineresses et poétesses[5].

Une question importante, et dont l’étude constitue la principale originalité du livre d’Alexandre Bertrand sur la religion des Gaulois, est l’organisation intérieure du corps druidique. César nous dit seulement que les druides ont un chef qui a sur eux l’autorité suprême[6]. Ce chef, à sa mort, est remplacé par le plus digne et si plusieurs compétiteurs ont des titres égaux le successeur est élu par les suffrages des druides. Quelquefois même on se dispute les armes à la main cette dignité suprême. Le texte d’Ammien Marcelin cité plus haut, parle incidemment des associations corporatives des druides produites sous l’inspiration des idées pythagoriciennes : inter eos

  1. S. Reinach, Revue celtique, t. XVIII, p. 1-8.
  2. Lampride, Alexandre Sévère, 60.
  3. Vopiscus, Aurélien, 44.
  4. Vopiscus, Numérien, 14.
  5. H. d’Arbois de Jubainville, Cours de littérature celtique, t. VI. p. 92-93.
  6. De bello gallico, vi, 13.