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II. DE SÀLTREY.


leurs narines, leurs mamelles, leurs parties sexuelles ; d’autres étaient consumés dans des fournaises de soufre, d’autres brûlés dans des poêles à frire, d’autres embrochés et tournés sur le feu par des démons, d’autres dégouttaient de métaux en fusion. Owen vit là quelques-uns de ses compagnons et les reconnut. Puis une roue enflammée apparut devant eux, d’une grandeur étonnante, et dont les rayons et les bandes étaient hérissés de crocs de fer auxquels étaient suspendus des hommes ; une moitié de la roue était dans l’air, et l’autre moitié dans la terre, d’où sortait un feu de soufre ; les démons la faisaient tourner rapidement en fourrant des leviers de fer entre les rayons. Puis le soldat fut entraîné vers une grande maison remplie de fumée, si large et si longue qu’on n’en voyait pas la fin ; il en sortait tant de chaleur qu’Owen ne put aller plus loin. Ce sont les bains, dirent les démons en le forçant à entrer., La maison était pleine d’une quantité innombrable de fosses remplies de métaux en fusion ; des gens y étaient plongés, les uns jusqu’au sourcil, les autres jusqu’aux yeux, jusqu’aux lèvres, jusqu’au cou, jusqu’à la poitrine, jusqu’au nombril, jusqu’aux cuisses, jusqu’aux genoux ; les uns étaient pris par le pied, d’autres par la main ; tous pleuraient et criaient. Ensuite Owen fut conduit sur une montagne où une multitude d’êtres humains semblaient attendre la mort en tremblant ; ils marchaient vers l’Aquilon, et tout à coup un tourbillon vint qui les renversa eux, les démons et le soldat, et les jeta sur un autre côté de la montagne dans un fleuve fétide et très froid, et chaque fois que les damnés essayaient d’en sortir, les démons les y replongeaient. Comme il l’avait fait dans tous les supplices précédents, il suffit à Owen d’invoquer le nom de Jésus pour se retrouver sur l’autre rive.

Puis les démons le traînèrent vers le sud, et il vit devant lui une flamme à senteur de soufre qui montait comme d’un puits, et des êtres des deux sexes, nus et enflammés, qui jaillissaient en l’air comme des étincelles et retombaient dans le puits quand la violence du feu diminuait. Les démons dirent à Owen que c’était l’entrée du puits de l’enfer, leur habitation, et que, s’il y pénétrait, il n’en sortirait jamais. Comptant sur le secours de Dieu, le soldat ne voulut pas retourner en arrière et fut précipité dans le puits ; celui-ci s’élargissait à mesure qu’Owen descendait, et au milieu de ses souffrances il faillit oublier le nom du Sauveur. Aussitôt qu’il l’eut prononcé, il se trouva sain et sauf à côté du puits. D’autres démons s’emparèrent de lui et dirent que leurs compagnons lui avaient menti, que ce n’était pas là l’enfer, mais qu’ils allaient l’y conduire.

Ils arrivèrent à un fleuve large et fétide couvert de flammes de