Page:Doublet - Élégies, 1559.djvu/19

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Maudite donq, deus & trois fois maudite,
Maudite encor, ô fortune, ſois tu :
MaProdigue à qui ne le merite,
MaEt touiours écarſe a vertu.
Si des treſors que ce peuplaſſe admire,
Tu m’euſſes fait, ô aueugle, ample don,
TuI’auroi plus que ie ne deſire,
TuEt mes amours a l’abandon.
Froit maintenant & ſeulet ie demeure,
Pour tout plaiſir quelques rimes couſant :
PoEt pour paſſetems de mainte heure,
PoMes vices propres ne taiſant.
Or, ieunes gens, finies ces Muſes viles,
Ce vain ſçauoir : & trop mieus ferés vous
Ce Que n’auons fait, nous inutiles,
Ce Nous faineans & poures tous.
N’aprenés rien que l’Âne d’or Bartole,
Parlés ce plaid que ſur la perche on vent,
ParEt ſurement, de ceſte école
ParVous ſuiura du monde le vent.
Grans biens & tot, ceus-la ſans plus aſſemblẽt,
Et ſont d’hõneur, ce ſemble, au grãd chemin :
Et Et le noble & le vilain tremblent,
Et Sous leur regne de parchemin.
Mais facent tout, & tout gouuerner puiſſent,
Biens & hõneurs ſoient ſous leur ſeule main,
BieEt, à leur poſte, peruertiſſent
BieTout le droit diuin & humain.