l’entourent et pour affirmer en face de tout ce qui change sa volonté de durer ? Vous connaissez la plainte désolée de Diderot : « Le premier serment que se sont fait deux êtres de chair, c’est au pied d’un rocher qui tombait en poussière. Ils ont attesté de leur constance un ciel qui n’est pas un instant le même. Tout changeait en eux et autour d’eux, et ils croyaient leur cœur affranchi de vicissitudes. Ô enfants ! Toujours enfants ! » Non pas enfants, mais hommes bien plutôt ! Ces vicissitudes de nos cœurs, nous les connaissons. Et c’est parce que notre fragilité nous inquiète que nous appelons à notre aide la protection de lois, auxquelles la soumission n’est pas un esclavage, puisque c’est une soumission volontaire. La nature ignore ces lois, car c’est par elles que nous nous distinguons de la nature et que nous nous élevons au-dessus d’elle. Le rocher que nous foulons sous nos pieds tombe en poussière, et le ciel au-dessus de nos têtes n’est pas un instant le même ; mais il y a, au fond de nos cœurs, la loi morale — et elle ne change pas !
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