vivantes. Non seulement elles ont vécu, ces œuvres, mais elles continuent de vivre. Elles vivent en nous sous les espèces des idées qui forment notre conscience et des sentiments qui inspirent nos actes. Rien n’est plus important pour une société que de faire l’inventaire des idées et des sentiments qui, à chaque instant de sa durée, composent son atmosphère morale ; pour chaque individu, ce travail est la condition même de sa dignité. Mais ces idées, mais ces sentiments, les aurions-nous si, dans les temps qui nous ont précédés, il ne s’était trouvé pour les recueillir dans l’air, pour les rendre viables et durables, des êtres d’exception, capables de penser plus vigoureusement que nous, de sentir avec plus de profondeur, d’exprimer avec plus de relief, et qui nous les ont légués ? L’histoire littéraire est cela surtout : le perpétuel examen de conscience de l’humanité.
Or, ai-je besoin de redire, ce que tout le monde sait, combien notre époque est complexe, et confuse et troublée ? Dans le dédale où nous nous agitons douloureusement, qui de