moitié du xviiie siècle. Très instruite, elle s’était affinée à vivre chez les demoiselles Verrières, qui recevaient la meilleure société. Elle était bonne musicienne et chantait à ravir. Quand elle épousa Dupin de Francueil, celui-ci avait le double de son âge, soixante-deux ans. Mais, disait-elle à sa petite-fille, « est-ce qu’on était jamais vieux dans ce temps-là ? C’est la Révolution qui a amené la vieillesse dans le monde. » Dupin était l’homme aimable ; plus jeune, il l’avait été trop ; maintenant il l’était juste assez pour rendre sa femme très heureuse. D’ailleurs prodigue et menant un train de prince, il laissa Marie-Aurore ruinée, et pauvre à soixante-quinze mille livres de rentes. Imbue des idées des philosophes, ennemie de la coterie de la Reine, elle accueillit sans effroi la Révolution, qui ne manqua pas de l’emprisonner. Le 26 novembre 1793, elle fut arrêtée et incarcérée au couvent des Anglaises, rue des Fossés-Saint-Victor, qui avait été converti en maison d’arrêt. Au sortir de la prison, elle s’établit dans ce domaine de Nohant qu’elle avait acheté depuis peu. C’est encadrée de ce décor
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