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dans la sierra

contemplait ce groupe charmant avec un sourire qui montrait ses dents blanches.

« Oh ! Mercédès, si ta pauvre mère te voyait ! » soupira Diego…


✽ ✽

« Au nom de la loi ! »

La porte s’était ouverte brusquement : les gardes civils (c’est la gendarmerie de l’Espagne) faisaient irruption dans la pièce.

Mercédès poussa un cri ; Diego se leva et, avec cette dignité que l’on trouve chez tous les compatriotes du Cid, depuis le plus fier hidalgo jusqu’au dernier mendiant :

« Que demandez-vous ? dit-il.

— Diego Montezunez, tu es accusé d’avoir assassiné cette nuit un voyageur dans la Sierra.

— Moi !

— Et voilà la bourse de la victime, dit un petit homme noir à mine rusée, qui n’était autre que l’escribano, sorte de greffier.

— Cet argent m’appartient ; je l’ai honnêtement gagné et il m’a été librement donné par l’étranger auquel j’ai servi de guide, hier soir.

— Il avoue…

— Pourquoi nierais-je, c’est la vérité ; j’avais promis le secret, mais puisque le pauvre homme est mort (Dieu ait son âme !), je ne peux plus lui faire de tort.

— Alors tu reconnais l’avoir conduit à la grotte des Gitanos !

— Oui, señor.

— Par quel chemin ? La montagne était gardée et l’on n’a vu passer personne…

— Le voyageur craignait d’être vu, c’est pourquoi il s’est