— Tu crois. Pourtant elle dit que Diego a assassiné le voyageur, et ça n’est pas vrai, je le sais bien moi, puisque Diego est ton père !
— Ce ne serait pas une preuve suffisante… mon pauvre ami.
— Bon ! que faudrait-il alors ?…
— Il faudrait trouver le coupable.
— Je le trouverai, Mercédès.
— Toi ?
— Oui et pas plus tard que cette nuit, j’ai un moyen…
— Lequel ? dit la jeune fille se raccrochant à cette frêle espérance.
Nous autres gitanos, nous avons des privilèges surnaturels, vois-tu, nous pouvons évoquer les esprits de ceux qui sont morts de mort violente, je sais la formule pour cela. On va à minuit à l’endroit où est tombée la victime, on prononce une conjuration, le mort apparaît, il est forcé de répondre à vos questions… Je vais aller à la grotte des Gitanos, je vais appeler l’homme assassiné et lui demander le nom de son assassin. »
Mercédès frissonna.
« Ne fais pas cela, Pedro, ce n’est pas d’un bon chrétien…
— Si, si, je n’ai pas peur et cela réussira, sois tranquille.
— Non, je t’en prie, Pedro.
— C’est le seul moyen de sauver ton père.
— Tu crois, dit à son tour la jeune fille, gagnée par cette conviction et superstitieuse, du reste, comme toutes les Espagnoles.
— Et puis j’ai une amulette très précieuse, regarde. »
Il lui montra un sachet couvert de signes cabalistiques.
« Oh non, jette cela, Pedro, c’est une œuvre du Diable, vois-tu, mets à la place cette médaille bénie. »