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les apprentis de l’armurier

s’interposa entre lui et le soleil, et un franciscain, s’arrêtant devant la porte, demanda :

— Votre maître est-il céans ?

Mon oncle est occupé, répondit le jeune garçon d’un air rechigné.

— Et monsieur son neveu ? interrogea le moine avec une feinte humilité.

— Son neveu n’aime pas les mauvais plaisants, répliqua l’apprenti en devenant rouge de colère.

— Que Votre Seigneurie ne se fâche pas, je ne veux pas l’offenser, mais lui demander un service… Je payerai bien.

Ces trois mots, véritable « Sésame, ouvre-toi », firent éclore sur les lèvres d’Hugonet un sourire qui voulait être gracieux, et qui, en réalité, n’était qu’une assez laide grimace.

— À vos ordres, messire, dit-il en retirant son bonnet et en avançant la main.

— C’est un simple renseignement que vous pourrez me donner mieux que votre oncle, car vous devez connaître tous les vauriens de la ville. Il s’agit de deux garçons de votre âge, qui, si l’on ne m’a pas trompé, demeurent ici avec leur grand’mère.

— Demeuraient, rétorqua Hugonet.

— Comment ! Est-ce qu’ils sont partis ?

— Oui.

Un juron des moins orthodoxes s’échappa du froc du religieux et son poing ébranla rudement l’établi.

— Dites donc, mon révérend, ne bouleversez pas mes outils, bougonna l’apprenti.

— Et où sont-ils maintenant ?

— La vieille au cimetière et les garçons par les routes.

— Quel contretemps ! Enfin, voyons, dis-moi. Pourquoi ont-ils partis ? Leur maître ne voulait donc pas les garder ?