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les apprentis de l’armurier

Maître Pierre ne répondit pas : il était occupé à parlementer avec le portier pour se faire ouvrir les portes déjà closes.

Cela ne fut ni long ni difficile, la patte du cerbère ayant été largement graissée.

À peine eurent-ils échangé quelques mots que la serrure grinça, l’huis tourna sur ses gonds et se referma derrière les voyageurs, tandis que les miliciens sortaient du corps de garde et venaient saluer l’armurier avec un empressement qui indiquait une haute considération.

— Hum ! un bourgeois de Paris est-il donc un si important personnage ? pensait Guy avec une vague inquiétude.

Maître Pierre devina-t-il ce qui se passait dans son esprit ? mais il répondit brièvement à la bienvenue de ses concitoyens, et, piquant des deux, ne s’arrêta plus que devant une boutique, aux volets clos de laquelle il frappa vigoureusement.

Quelques valets, réveillés en sursaut, accoururent, avec des exclamations joyeuses, aider leur maître à mettre pied à terre.

— Entrez, dit le bourgeois en faisant passer ses protégés devant lui, et toi, Jehan, sers-nous un bol de vin chaud.

Les deux amis regardaient curieusement autour d’eux.

Ils étaient bien chez un armurier : les épées, dagues, lances, heaumes encombrant la boutique, les outils familiers, tout le leur prouvait.

Mais là se bornait la ressemblance avec la demeure de maître Lansac.

Tandis que, là-bas, tout s’entassait pêle-mêle, avec l’insouciance méridionale, armures damasquinées, grossières cuirasses, casques de reîtres, cimiers de gentilshommes ; ici au contraire, tout était rangé, étiqueté avec un soin méticuleux, et il régnait même dans l’atelier un ordre, une