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les apprentis de l’armurier

— Bon ! Heureusement qu’ils ont respecté mon scapulaire, s’écria-t-il avec un soupir de soulagement.

Puis, s’enfonçant dans un vaste fauteuil, il médita profondément.

Prisonnier, il l’était indubitablement, mais de qui et pourquoi ?

Où était-il enfin ?

Comme une réponse à sa question, ses yeux rencontrèrent l’écusson, sculpté au-dessus de la cheminée, et il tressaillit en reconnaissant le lion majestueux des armes de Flandre.

— Merci de nous ! s’écria-t-il en bondissant sur son siège, nous sommes logés aux frais de notre gracieuse tante ! Par tous les saints ! je leur brûlerais un fameux cierge si je savais mon Gaultier hors de ce guêpier.

Le grincement de la clef dans la serrure interrompit ce soliloque : Guy, debout, drapé dans sa dignité, attendit pieds nus et en chemise le visiteur, ami ou ennemi, qui s’annonçait ainsi.

C’était un jeune garçon dont le teint bronzé décelait l’origine africaine ; spécimen de la race sarrasine, ramené de Palestine par quelque croisé.

Il portait une tunique de laine blanche, une ceinture et un turban.

Il croisa les bras sur sa poitrine et s’inclina devant Guy étonné.

— Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Où est mon frère ? interrogea impétueusement ce dernier.

Le Maure ouvrit la bouche et montra sa langue mutilée, il était muet…

— Bon ! ça va être commode pour s’expliquer ! grommela le prisonnier. Vous pouvez vous en aller, mal blanchi, pour le charme de votre conversation… Ah ! pourtant…, dites