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les regards de cet homme, dont on connaîtra plus tard le caractère et les desseins. Il était loin d’être lâche, mais cette âme de Louise, qui, un moment avant, lui paraissait si candide, semblant changer si complètement de nature, exerçait déjà sur lui un empire qu’il subissait sans presque s’en apercevoir.

Pour la première fois de sa vie, il entendait une voix d’ange lui parler de guerre et de combats ; une main qui pouvait à peine tenir un aviron, brandir avec adresse des armes mortelles ; une bouche dont les diamants et le corail faisaient jouer les reflets de la lune, broyer et rouler en tous sens une matière dont l’usage est quelquefois impossible aux hommes les plus rudes. Il existait en effet dans la personne de notre jeune fille un contraste si frappant d’habitudes et de nature que