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pathie même qui troublait le fond de mon âme.

J’étais né pour le bien. Le sort m’a détourné de la voie que m’avait tracée la nature. J’ai été méchant par vicissitudes et par entrainement du destin. J’ai fait le mal sans avoir l’âme de le commettre. Quoiqu’il en soit, le seul reproche que me laissent mes souvenirs, est d’avoir, depuis mon retour, assimilé et confondu une vie coupable avec celle des plus nobles et généreux jeunes gens qu’aient pu m’offrir les divers continents du globe. Je les ai trompés ces nobles cœurs par une apparente vertu. Je les ai vus me serrer la main et me dire du secret de l’âme. « Tu es aussi bon que nous. » Mais quelques années de faux pas n’avaient pas encore assez dépravé mes sentiments, pour me permettre de me croire digne de cet éloge, le seul auquel j’oserais prétendre à cette heure. Depuis longtemps vous devriez me connaître ; depuis longtemps votre confiante et sincère amitié demandait des aveux que je ne pouvais moi même cacher d’avantage. Le remord d’avoir trahi cette confiance porta souvent ces aveux sur mes lèvres.