Page:Doyle - Du mystérieux au tragique.djvu/16

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ber dans mes égarements le jour où elle n’exercerait plus sur moi son influence.

En vain — je lui jurai que pas une goutte de vin ne mouillerait jamais plus mes lèvres : elle savait trop à quel point le démon me tenait ; elle avait trop dû combattre pour lui faire lâcher prise ! Et l’idée qu’il pût me ressaisir dans ses griffes la tourmentait nuit et jour.

Des amis, en causant dans sa chambre de malade, lui révélèrent une invention récente : le phonographe. Avec cette promptitude d’esprit que l’amour donne à une femme, elle comprit tout de suite comment le faire servir à ses fins. Elle m’envoya lui chercher à Londres l’instrument le plus perfectionné que je pusse trouver ; et, d’une voix mourante, elle y murmura les mots qui depuis lors me soutiennent. Seul et brisé, quel autre appui aurais-je au monde ? Mais j’en ai dit assez. Plaise à Dieu que le jour où il nous réunira je reparaisse sans honte devant elle ! Voilà mon secret, monsieur Colmore. Tant que je vivrai, je le mets sous votre sauvegarde.