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jim harrison, boxeur

Ce fut ainsi que ma mère, me tenant enlacé dans ses bras bien doux et bien chauds, me pourvut de conseils en vue de ce monde-ci et de l’autre, afin de me préparer à l’importante épreuve qui m’attendait.

Mon oncle ne parut pas le lendemain au déjeuner, mais Ambroise lui prépara une tasse de chocolat bien mousseux et la lui porta dans sa chambre.

Lorsqu’il descendit enfin, vers midi, il était si beau avec sa chevelure frisée, ses dents bien blanches, son monocle à effet bizarre, ses manchettes blanches comme la neige, et ses yeux rieurs, que je ne pouvais détacher de lui mes regards.

— Eh bien ! mon neveu, s’écria-t-il, que dites-vous de la perspective de venir à la ville avec moi ?

— Je vous remercie, monsieur, dis-je, de la bienveillance et de l’intérêt que vous me témoignez.

— Mais il faut que vous me fassiez honneur. Mon neveu doit être des plus distingués pour être en harmonie avec tout ce qui m’entoure.

— C’est une bûche du meilleur bois, vous verrez, monsieur, dit mon père.

— Nous commencerons par en faire une bûche polie et alors, nous n’en aurons pas fini avec lui. Mon cher neveu, vous devez constamment viser à être dans le bon ton. Ce n’est pas une affaire de richesse, vous m’entendez. La richesse à elle seule ne suffit point. Price le Doré a quarante mille livres de rente, mais il s’habille d’une façon déplorable, et je vous assure qu’en le voyant arriver, l’autre jour, dans Saint-James Street, sa tournure me choqua si fort que je fus obligé d’entrer chez Vernet pour prendre un brandy à l’orange. Non, c’est une affaire de goût naturel, à quoi l’on arrive en suivant l’exemple et les avis de gens plus expérimentés que vous.