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jim harrison, boxeur

quand elle se trouverait à distance du cercle des personnes qu’elle ne pourrait se refuser à recevoir.

C’était une époque d’épreuves pour tout le monde, excepté pour les fermiers. Ils faisaient de tels bénéfices qu’ils pouvaient, à ce que j’ai entendu dire, laisser la moitié de leurs terres en jachère, tout en vivant comme des gentlemen de ce que leur rapportait le reste.

Le blé se vendait cent dix shillings le quart, et le pain de quatre livres un shilling neuf pences.

Nous aurions eu grand peine à vivre, même dans le paisible cottage de Friar’s Oak sans la part de prises revenant à l’escadre de blocus sur laquelle servait mon père.

La ligne de vaisseaux de guerre louvoyant au large de Brest n’avait guère que de l’honneur à gagner. Mais les frégates qui les accompagnaient firent la capture d’un bon nombre de navires caboteurs, et, comme conformément aux règles de service elles étaient considérées comme dépendant de la flotte, le produit de leurs prises était réparti au marc le franc.

Mon père fut ainsi à même d’envoyer à la maison des sommes suffisantes pour faire vivre le cottage et payer mon séjour à l’école que dirigeait M. Joshua Allen.

J’y restai quatre ans et j’appris tout ce qu’il savait.

Ce fut à l’école d’Allen que je fis la connaissance de Jim Harrison, du petit Jim, comme on l’a toujours appelé. Il était le neveu du Champion Harrison, de la forge du village.

Je me le rappelle encore, tel qu’il était en ce temps-là, avec ses grands membres dégingandés, aux mouvements maladroits comme ceux d’un petit terre-neuve, et une figure qui faisait tourner la tête à toutes les femmes qui passaient.